L’Astrologie et la Bible

Bible et Astrologie

par Patrick Giani

J’ai récemment (2006) reçu un mail de la part d’un webmaster à qui je proposais un échange de liens. Il refusait car, je cite : « L’astrologie n’est pas compatible avec Dieu (…/…) Dieu est contre tout ça il le dit clairement dans plusieurs passages de la Bible (verset 18-10 du Deutéronome et 47.13 d’Esaïe). »

Voici ce que je lui ai répondu :

« Je me doutais bien que vous citeriez ces deux versets de l’Ancien Testament car ce sont les plus connus, et les détracteurs catholiques de l’astrologie y font souvent référence. Mais qui les a écrits ? Je sais que, pour le catholique, la Bible est la Parole de Dieu. Mais si l’on étudie un tant soit peu les Ecritures, on constate qu’il en existe différentes versions et on réalise qu’il préférable de ne pas prendre tous les textes au pied de la lettre. Jésus-Christ a dit : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira. » (Jean 8, 31-32).
L’homme est maintenant prêt à connaître la vérité car il a accès à tous les livres sacrés et à toutes les traductions.
Comme vous le savez, la Bible est composé de deux parties : l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.
L’Ancien Testament a été écrit pour l’essentiel par Moïse, tout au moins la première partie. On sait que Dieu lui a parlé sur le Mont Sinaï et qu’il en est revenu avec les Tables de la Loi sur lesquelles étaient inscrits les Dix Commandements. Sans vouloir minimiser l’importance du témoignage de Moïse, il fait référence à une époque de l’Histoire (8 siècles avant J.C.) où les hommes avaient besoin de lois et de morale car ils adoraient toutes sortes de divinités païennes (dont le fameux veau d’or) et s’adonnaient à la violence, à la luxure et au vice. Que Moïse ait été inspiré à cette époque, certes, mais quand on lit certains passages de l’Ancien Testament où Dieu apparaît mysogyne, cruel, vengeur, voire jaloux, on ne peut s’empêcher de penser que la personnalité de Moïse a pu quelquefois déformer ce que Dieu lui inspirait.

La vie de Jésus-Christ, relatée par quatre de ses apôtres, constitue l’essentiel du Nouveau Testament. Quand on lit toutes ces paroles de sagesse et d’Amour à travers les paraboles et les sermons, cela touche notre esprit et notre cœur. Leur force, leur clarté et leur authenticité nous permettent de nous mettre en liaison directe avec Dieu. On prend conscience que c’est Dieu Lui-même qui parle à travers Son Fils bien-aimé. Mais dans la bouche du Christ, il n’est jamais question de jugement, de sentence, et encore moins de vengeance. Personne n’est banni, personne n’est écarté à cause de ses péchés et tout le monde peut accéder au Salut.
Or, le premier verset que vous citez fait partie de l’Ancien Testament : il s’agit du Deutéronome, cinquième livre de la Bible hébraïque et dernier du Pentateuque. Il contient le récit des derniers discours de Moïse aux Israëlites avant qu’ils entrent au pays de Canaan. C’est un autre code de lois, après celui de l’Exode, d’où son titre de Deutéronome : deuxième loi.
La plupart de ceux qui lisent la Bible pensent que c’est Dieu qui édicte les lois contenues dans le Deutéronome, mais c’est bien Moïse qui les prononce (à l’âge de 120 ans!). Ce qui est étonnant, c’est que ce verset ait retenu leur attention alors que, dans ce même Deutéronome, on trouve des lois telles que l’interdiction de manger du porc, de l’autruche ou de se marier avec une personne d’un autre peuple que le peuple élu (7.3) et plus encore de se laisser séduire par une autre religion: « tu n’y consentiras pas, et tu ne l’écouteras pas… mais tu le feras mourir; ta main se lèvera la première sur lui pour le mettre à mort, et la main de tout le peuple ensuite; tu le lapideras, et il mourra, parce qu’il a cherché à te détourner de l’Éternel, ton Dieu (13.10).

Mais revenons au verset en question:

Où est passé le mot « astrologue » ?

La traduction par Louis Segond du verset 18-10 du Deutéronome auquel vous faites référence est :
«Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien»
Mais si l’on prend la version de Chouraqui (éditions Desclée de Brouwer), qui rappelons-le, a traduit la Bible d’après les textes originaux en hébreu (la langue de Moïse), voici ce que dit ce verset :
« Il ne se trouvera pas en toi passeur de son fils et de sa fille au feu, charmeur de charme, conjectureur, devin, sorcier »
Quand à la TOB (Traduction Oecuménique de la Bible) voici sa version: « Il ne se trouvera chez toi personne qui fasse passer sa fille ou son fils par le feu, interroger les oracles pratiquer l’incantation, la magie, les enchantements et les charmes, recourir à la divination ou consulter les morts ».

Où est passé le mot « astrologue » ?
N’oublions pas que la traduction a été faite à la fin du XIXè siècle et que, à l’époque, l’astrologue était assimilé à un magicien ou à un sorcier ! Mais, au fait, qui était Louis Segond (1810-1885) ?
Un théologien suisse qui a traduit la Bible en français à partir des textes originaux hébreux et grecs. La traduction de l’Ancien Testament a été publiée en 1871, suivie par le Nouveau Testament en 1880. Selon Wikipedia « Louis Segond ne reconnaissait pas la divinité de Jésus-Christ et il était misogyne ». On peut alors se demander comment il a pu traduire les Evangiles avec un tel état d’esprit…

Quand au verset 47.13 d’Esaïe de l’ancien testament que vous citez, traduit par Louis Segond par :
« Tu t’es fatiguée à force de consulter: qu’ils se lèvent donc et qu’ils te sauvent, ceux qui connaissent le ciel, qui observent les astres, qui annoncent, d’après les nouvelles lunes, ce qui doit t’arriver! » voyons comment ce verset a été traduit par Chouraqui :
« Tu es excédée par la multiplicité de tes conseils. Qu’ils se dressent donc et te sauvent, les répartiteurs de ciels, les contemplatifs d’étoiles, les connaisseurs de ce qui viendra sur toi aux lunaisons ! »
Quand à la TOB, voici sa version:
« Tu t’es épuisée à force de consultations, qu’ils se présentent donc et te sauvent, ceux qui détaillent le ciel, qui observent les étoiles, qui annoncent chaque mois ce qui doit fondre sur toi »

Encore une fois, on ne trouve pas le mot « astrologue » dans ce verset. Tout au plus désigne-t-il ceux qui s’intéressent aux étoiles et aux lunaisons, ce qui était fréquent à l’époque puisque les chaldéens avaient légué une partie de leur savoir astronomique aux hébreux et aux égyptiens, qui s’en servaient pour prévoir les récoltes.
Ce sont ces mêmes astronomes-astrologues (à l’époque, il n’y avait pas de séparation) que nous retrouvons au chevet de Jésus encore nouveau-né et que le Nouveau Testament appelle « les Mages venus d’Orient » (Mt 2,1).
Ont-ils été écartés par les parents de Jésus lorsqu’ils sont arrivés pour l’adorer avec l’or, l’encens et la myrrhe ? Non, parce que ces mages étaient considérés pour leur savoir et leur sagesse. Ils avaient fait des centaines de kilomètres pour voir de leurs propres yeux celui qui devait naître sous cette configuration astrale exceptionnelle qui l’annonçait comme le Messie, le Sauveur !

On ne trouve rien, absolument rien dans le Nouveau Testament, qui fait allusion à des astrologues ou qui dit de s’en méfier. De la même façon, on n’y voit jamais Jésus jeter une diatribe à qui que ce soit. Les seules fois où Jésus se met en colère contre les hommes, c’est avec les marchands du temple et lorsqu’il s’adresse aux riches : « Malheur à vous, les riches » (luc 6-26) mais les traducteurs n’ont pas compris qu’il voulait dire:
« Malheureux êtes-vous, les riches ». Jésus leur exprimait ainsi sa compassion (voir la note de la TOB pour ce verset : « Ce ne sont pas des malédictions ni des condamnations irrévocables…).

Pour terminer cette mise au point, jetons un coup d’oeil aux premiers versets de la Genèse 1.14, où il est clairement dit :
« Le troisième jour Dieu dit: Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années. »

De l’astromancie à l’astropsychologie
L’astrologie était donc, du temps de Moïse, considérée comme une mancie, c’est à dire une pratique divinatoire : quand aurais-je un autre enfant ? comment va se passer la saison pour mes récoltes ? etc. Et cela a perduré durant des siècles puisque ce n’est qu’au vingtième siècle que l’astrologie a refait surface, d’une part avec les « horoscopes » (les nouvelles mancies !) et d’autre part avec l’étude de caractère et la psychologie, ce qui lui donna une nouvelle direction : celle des sciences humaines. De nos jours, d’ailleurs, ceux qui étudient et pratiquent l’astrologie préfèrent se présenter comme des astropsychologues, car il s’agit essentiellement de mieux se connaître en étudiant les configurations planétaires de la carte du ciel de naissance. Rappelons que cette étude prend en compte les dix planètes et leurs aspects alors que le fameux horoscope ne tient compte que du Soleil de naissance. La prévision (voir avant) fait partie de la pratique mais sans aucun déterminisme et avec beaucoup de prudence dans l’analyse, afin de ne pas verser dans la prédiction (dire avant) et de risquer d’influencer les choix.
Pour ma part, cette science humaine m’aide à connaître plus rapidement les forces et les faiblesses d’un individu, à mieux appréhender son chemin de vie, à mieux comprendre ses problèmes. Enfin, la connaissance astrologique m’aide à le réconcilier avec son âme.
Tous ceux qui font référence à ces deux versets de la Bible ne s’imaginent pas à quel point ils peuvent être sentencieux et… aveugles dans leur façon de juger ceux qui pratiquent l’astrologie. Le Seigneur n’a-t-il pas dit « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » ?
J’espère que cette réponse vous permettra de réviser votre jugement et que vous prendrez conscience que l’on peut être astrologue et profondément chrétien.

Bible et Astrologie

Pour illustrer cette réflexion voici une histoire vraie:

Une célèbre animatrice radio des États-Unis fit remarquer que l’homosexualité est une perversion.
« C’est ce que dit la Bible dans le livre du Lévitique (chapitre 18, verset 22) : Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination. C’est clair, non ? La Bible le dit. Un point c’est tout. « , affirma-t-elle.
Quelques jours plus tard, un auditeur lui adressa une lettre ouverte qui disait :
« Merci de mettre autant de ferveur à éduquer les gens à la Loi de Dieu. J’apprends beaucoup à l’écoute de votre programme et j’essaie d’en faire profiter tout le monde. Mais j’aurais besoin de conseils quant à d’autres lois bibliques.
Par exemple, je souhaiterais vendre ma fille comme servante, tel que c’est indiqué dans le livre de l’Exode (chapitre 21, verset 7). A votre avis, quel serait le meilleur prix ?
Le Lévitique (chapitre 25, verset 44) enseigne aussi que je peux posséder des esclaves, hommes ou femmes, à condition qu’ils soient achetés dans des nations voisines. Un ami affirme que ceci est applicable aux mexicains, mais pas aux canadiens. Pourriez-vous m’éclairer sur ce point ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas posséder des esclaves canadiens?
Je sais que je ne suis autorisé à toucher aucune femme durant sa période menstruelle, comme l’ordonne le Lévitique (chapitre 18, verset 19). Comment puis-je savoir si elles le sont ou non J’ai essayé de le leur demander, mais de nombreuses femmes sont réservées ou se sentent offensées.
J’ai un voisin qui tient à travailler le samedi. L’Exode (chapitre 35, verset 2) dit clairement qu’il doit être condamné à mort. Je suis obligé de le tuer moi-même? Pourriez-vous me soulager de cette question gênante d’une quelconque manière?
Autre chose : le Lévitique (chapitre 21, verset 18) dit qu’on ne peut approcher de l’autel de Dieu si on a des problèmes de vue. J’ai besoin de lunettes pour lire. Mon acuité visuelle doit-elle être de 100% ? Serait-il possible de revoir cette exigence à la baisse?
Un dernier conseil. Mon oncle ne respecte pas ce que dit le Lévitique (chapitre 19, verset 19) en plantant deux types de culture différente dans le même champ, de même que sa femme qui porte des vêtements faits de différents tissus, coton et polyester. De plus, il passe ses journées à médire et à blasphémer. Est-il nécessaire d’aller jusqu’au bout de la procédure embarrassante de réunir tous les habitants du village pour lapider mon oncle et ma tante, comme le prescrit le Lévitique (chapitre 24, verset 10 à 16) ?
On ne pourrait pas plutôt les brûler vifs au cours d’une réunion familiale privée, comme ça se fait avec ceux qui dorment avec des parents proches, tel qu’il est indiqué dans le livre sacré (chapitre 20, verset 14) ?
Je me confie pleinement à votre aide.
Merci de nous rappeler que la parole de Dieu est éternelle et immuable. Un point c’est tout. »
Il ne reçut jamais de réponse…

Pour ceux que cela intéresse, voici quelques liens utiles :
Pierre d’Ailly , cardinal, chanoine et évêque, qui s’appuya sur la théorie des grandes conjonctions pour montrer l’accord entre l’astrologie et l’histoire d’une part, et entre l’astrologie et la théologie d’autre part. Voir la page qui lui est consacrée sur Wikipédia.
– Le site de Gilles Roy « Le divin Soriastre dédié à Celles et Ceux qui veulent réconcilier les astrologues avec l’Art, la Science, l’Histoire et DIEU, par et pour l’Amour de JESUS-CHRIST, notre Sauveur ».

La réponse de la Fédération Des Astrologues Francophones suite aux voeux du pape Jean Paul II et à la condamnation des astrologues, par Ferdinand David
Esotérisme et christianisme : Histoire et enjeux théologiques d’une expatriation par Jérôme Rousse-Lacordaire. Dominicain, docteur en théologie, chargé d’enseignement à l’Institut catholique de Paris (Institut de science et de théologie des religions) est directeur de la bibliothèque du Saulchoir à Paris. L’ésotérisme a mauvaise presse dans le monde catholique. Pourtant, cette forme de pensée a connu une grande faveur dans certains milieux catholiques, pas toujours marginaux, depuis la Renaissance, et encore aujourd’hui, elle attire nombre de chrétiens…

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