Le Moi et le Soi

Le Moi et le Soi

Ecrit en mars 2002

Les occidentaux veulent toujours aller plus vite que les autres, même du point de vue spirituel.
Récemment, une revue française sur le bouddhisme présentait un article écrit par un adepte français qui mettait l’accent sur la nécessité d’atteindre le Non Soi pour réaliser l’Eveil.
A un certain niveau élevé de conscience, oui sans doute, mais combien de méditants sur Terre peuvent réaliser cela ? Avant d’atteindre le Non Soi, il faut déjà atteindre le Soi, ce qui n’est pas une mince affaire. Et encore faut-il prendre conscience de ce qu’est le Soi ! Quand on pense que la plupart des occidentaux qui s’intéressent au bouddhisme n’ont pas encore pris conscience de la différence entre le Moi et le Soi, on s’interroge sur l’intérêt de tels propos. Mais comme les occidentaux ont besoin de performances, de sommets à atteindre et de réussites à accomplir, cette « carrotte » supplémentaire leur permet sans doute d’avancer avec plus de conviction dans la voie de la spiritualité. Comme si l’Eveil pouvait leur tomber dessus un jour, entre deux méditations, tel un miracle! Pourtant, un bon nombre d’enseignants et de lamas leur ont dit que la route était longue, semée d’embûches, et que l’Eveil était progressif. Mais bon, on a le droit de rêver…
Pour résumer, sans être didactique, le Moi est cette partie de la conscience individuelle qui est centrée sur les désirs personnels, les préoccupations propres, les exigences de l’ego. Tout tourne autour de la satisfaction des sens, des plaisirs, tout tourne autour… du nombril.

Le Moi et le Soi

Le Soi, que l’on peut apparenter à l’âme, est cette instance psychique qui est – pour qui s’intéresse à la psychanalyse – au-dessus du Surmoi, le juge intérieur qui tente d’éduquer un tant soit peu le Moi. Etant situé au-dessus, le Soi contrôle donc l’un et l’autre en permanence, mais parfois, dans la confusion actuelle de notre monde, il perd le contrôle. Et l’homme se sent balloté entre son ego et son juge intérieur comme une barque au milieu de l’océan. Et pour peu qu’il s’identifie à son mental, qui fait le jeu de l’ego, il se croit très intelligent…

De là la nécessité, si l’on souhaite reprendre contact avec son âme, de travailler sur Soi, grâce à la pratique de la méditation, de la prière ou de la louange. Alors, avant d’atteindre le Non Soi, qui nécessite d’avoir vaincu ses démons intérieurs, accepté la fusion avec l’Esprit et renoncé au retour en incarnation, contentons-nous déjà de bien connaître notre Moi, les pièges et les exigences de l’ego, afin de le dompter plus aisément. Puis de travailler sur Soi afin de répondre le plus souvent possible aux appels de notre âme, de devenir UN avec elle et, de là, avec le Divin. Cela demande pas mal de temps, de patience et de courage, comme en témoignent tous ceux qui oeuvrent dans ce sens sur notre planète, mais n’est-ce pas le plus noble des buts sur cette Terre?

Le Moi et le Soi

N.B: Il est intéressant d’ajouter ce que l’hindouisme entend par « soi » : Le soi universel = âtman . « Le soi est sans ego » « Nier le soi n’est pas le fait du Bouddha mais du natthika » p. 157 (citations tirées de Hindouisme et bouddhisme. par Ananda K. Coomaraswamy. Gallimard.)
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