La Callas et la Malibran
par Patrick Giani
« Il faut plusieurs vies pour apprendre à s’asseoir en lotus » disent les yogis hindous. Car c’est ainsi que l’âme en incarnation apprend à expérimenter et parfaire des dons innés. S’ils sont innés, c’est que nous les avons avant de naître. C’était le cas pour La Callas et la Malibran, toutes deux chanteuses lyriques à la voix d’or qui avaient, comme nous allons le voir, de nombreux points communs. Deux voix exceptionnelles réunies par le destin et l’un des plus grands opéras: « Norma » de Bellini.
Qui n’a pas eu des frissons en entendant le magnifique « Casta diva » chanté par Maria Callas? Cet air, qui a été repris dans de nombreuses musiques de films et adopté par la Twentieth Century Fox comme générique, a été composé par Vincenzo Bellini, tombé éperdument amoureux de Maddalena Fumaroli, son élève au piano, qui lui a inspiré ce sublime chant. Il demanda sa main à ses parents qui s’opposèrent à ce mariage avec un « joueur de clavecin ». Elle mourra précocement de maladie après avoir tenté de reporter le plus longtemps possible son mariage avec le compositeur.
Est-ce pour cela qu’il se réfugia dans la musique avec autant de force ou est-ce parce qu’il avait un destin amoureux particulier? La carte du ciel de ce fougueux Scorpion ascendant Sagittaire est, en effet, très parlante.
Les cartes du ciel de cet article ont été dressées avec le système des Maisons égales
Comme nous pouvons le voir, le génial musicien est né avec une triple conjonction de planètes en Balance et au Noeud Sud : la Lune, Vénus et Uranus. En astrologie karmique, lorsque Uranus est conjoint au Noeud Sud, cela signifie que le génie créateur a été développé lors d’une vie précédente. C’était le cas pour Mozart, par exemple, qui a composé ses premières oeuvres à l’âge de six ans, et c’était aussi le cas pour Bellini, qui a commencé le piano à trois ans et a composé des cantates dès l’âge de six ans.
Mais si la musique permet d’atteindre un certain idéal, il n’en est pas de même pour les relations affectives, surtout lorsqu’on est orgueilleux et macho comme pouvaient l’être les italiens de l’époque. Quelques années plus tard, au faîte de sa gloire, Bellini va de nouveau tomber amoureux d’une jeune soprano, la belle Maria Malibran.
C’est en l’entendant chanter dans son opéra « La Sonnambula » que le génial compositeur a eu le coup de foudre, ce qu’il a exprimé vivement par des « Viva! Viva! Bravo! » à la surprise de son entourage, qui le savait si difficile. Maria Malibran s’était immédiatement sentie transportée par cette musique sublime, si proche de sa sensibilité personnelle. Dès que Bellini s’est présenté à elle, Maria s’est jetée dans ses bras et l’a embrassé comme si elle l’avait toujours connu. Ils sont restés un bon moment à se regarder sans parler et Bellini a avoué, dans une lettre à son ami et biographe Francesco Florimo, qu’il croyait être au paradis. Il faut dire que la Malibran était très jolie et que ses planètes natales étaient en correspondance avec les siennes.
Malgré la méconnaissance de son heure de naissance, nous pouvons voir sur sa carte du ciel la conjonction de la Lune à Vénus et Jupiter, qui lui confère la même sensibilité à la musique et le même charme que le jeune Vincenzo. Et puis la même conjonction Soleil-Mars, qui leur a donné à tous deux un caractère entier et volontaire, avec un père autoritaire, voire tyrannique. On remarquera également la conjonction de Saturne au Noeud Nord de Maria sur le Neptune du compositeur, et l’on comprendra aisément pourquoi il deviendra son mentor pour quelques temps. Pas suffisamment hélas pour que les deux tourtereaux convolent en justes noces car la Malibran est encore amoureuse de son génial violoniste Charles de Beriot.
À Venise, Maria excelle à nouveau dans « Norma », le chef-d’œuvre de Bellini et le compositeur est si enthousisamé par la manière dont Maria interprète Casta Diva qu’il songe à lui écrire un opéra, mais ce projet ne verra malheureusement pas le jour, puisque Bellini meurt à 33 ans, terrassé par une dysenterie foudroyante.
En l’apprenant, Maria a comme le pressentiment qu’elle ne lui survivra pas longtemps. En effet, un an jour pour jour après le décès de Vincenzo Bellini, Maria Malibran décède des suites d’une mauvaise chute de cheval, à l’âge de 28 ans…
La Callas et la Malibran
Quelques décennies plus tard, une chanteuse grecque naît à New York le 2 décembre 1923 et se distingue dès l’âge de 8 ans en participant à des concerts organisés par son école. La fille « à la voix d’or » qui, d’après un de ses professeurs, avait « un rossignol dans la gorge » se nomme Maria Callas. Elle prend rapidement de l’assurance et commence une carrière professionnelle à l’âge de 17 ans. On peut voir cette précocité dans le Noeud Sud de la Lune en Poissons où se trouve… Uranus.
PS : wikipedia donne le 2 décembre mais j’ai pris, comme bon nombre d’astrologues, la date du 3 décembre (astrothème).
Le talent et les dons innés de son passé antérieur ne tarderont pas à se manifester puisque la soprano va être appréciée par tous les fans d’opéra dans le monde, tant par ses qualités vocales que par ses dons de tragédienne.
Mais elle connaîtra vraiment la gloire lorsqu’elle découvrira le bel canto, grâce à l’un des opéras de Bellini, I puritani. Serafin, le directeur de la Scala de Milan, convoque un jour Maria Callas et lui donne six jours pour apprendre le rôle et être prête pour la représentation du . Elle relève le défi et les critiques ne tarissent pas d’éloges. Astrologiquement, Saturne en Vierge transite son Noeud nord et une conjonction Soleil-Jupiter en Capricorne vient à la rencontre de sa Vénus natale. Mais c’est en 1954 qu’elle atteint le sommet de sa carrière, dans le rôle de Norma, qu’elle affectionne particulièrement, interprété devant le public de l’Opéra de Chicago. À la fin de la représentation, les spectateurs l’ovationnent très longuement.
Vous me direz : mais quel rapport avec la Malibran ? Et bien le voici.
Lorsque j’ai dressé son thème et comparé avec celui de la Callas, j’ai tout de suite compris ce qui unissait ces deux destins. Voyez cette synastrie (comparaison de thèmes) où l’on voit les planètes de Maria Callas à l’intérieur et celles de Maria Malibran à l’extérieur.
On constate tout d’abord que l’Uranus de la Malibran tombe sur la conjonction Mars-Saturne de la Callas, cette conjonction qui faisait d’elle une travailleuse acharnée, perfectionniste. On voit aussi que la conjonction Soleil-Jupiter de Maria Callas en Sagittaire se superpose an Neptune du thème de Maria Malibran, incarnant avec brio cet idéal qu’elle poursuivait lors de sa brève carrière de soprano. Et surtout la conjonction Lune-Vénus de la Malibran qui tombe au Noeud Sud de la Callas, proche de son Uranus natal.
Une conjonction au Noeud Sud en synastrie est souvent l’indication de dons provenant d’une vie antérieure. Dès lors, peut-on penser que Maria Callas était la réincarnation de Maria Malibran? Cela expliquerait pourquoi la Callas a un jour déclaré : « Belleni a composé Norma pour moi! ». A moins que ce soit, ce qui serait plus logique, celle de Maddalena Fumaroli, mais nous n’avons hélas, pas ses coordonnées natales…
Pour terminer, je vous invite à écouter le sublime Casta diva, par Maria Callas. J’ai écouté les versions de plusieurs autres divas, très talentueuses, mais seule la Callas a su donner, au delà de la maîtrise vocale parfaite que demande ce chant, autant de force, d’émotion et de grâce.
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