La honte, la culpabilité et la libération

article écrit en 2010

Des siècles d’obscurantisme religieux et de pouvoir politique ont contribué à persuader l’être humain de sa petitesse et de son incapacité à vivre libre. Mais il semblerait que le temps de la libération approche à grands pas.

La crise actuelle au sein de l’église catholique révèle l’incapacité des hautes autorités ecclésiastiques à changer de position sur de nombreux points, notamment sur la question du célibat des prêtres. Quand bien même les affaires d’abus sexuel sur des enfants ne concernent pas uniquement les institutions catholiques, il faut bien renconnaître qu’elles sont majoritaires. Car enfin, qui a décidé que les prêtres devaient mener une vie exempte de sexualité ? Sûrement pas Jésus, à l’origine de cette religion, qui avait répondu à cette question sur le célibat par ces mots : « Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. »
Cette phrase quelque peu énigmatique précise que le célibat ne concerne que ceux qui aspirent à une vie essentiellement consacrée à la spiritualité et à l’union avec le Divin. Il s’agit donc d’un choix personnel, individuel, non dicté par une quelconque règle.
Au lieu de multiplier les visites aux victimes des prêtres pédophiles, de se confondre en excuses au nom de ceux-ci et surtout d’exprimer sa honte, le souverain pontife ne ferait-il pas mieux d’annoncer une réforme sur ce point crucial du célibat ? Si Benoît XVI exprime sa honte, c’est bien parce qu’il se sent coupable. Mais pourquoi ? Comme tous les catholiques, le pape a grandi avec ces notions de péché, de culpabilité et du sentiment de honte qui en découle. C’est pourquoi il est intéressant de remonter aux sources de la religion pour voir d’où elles viennent et comment elles ont marqué si profondément la psyché humaine.

C’est dans l’ancien Testament que l’on trouve la plus ancienne notion de péché, avec la « faute d’Adam et Eve » qui se trouvent chassés du Paradis terrestre (Eden) pour avoir cédé à la tentation du « fruit défendu ». Beaucoup de théologiens ont écrit sur le sujet et il est difficile de savoir ce qui s’est réellement passé à l’aube de l’humanité*. Toujours est-il que, après avoir été chassés du Paradis, Adam et Eve s’aperçurent qu’ils étaient nus. Le sentiment de honte apparaît pour la première fois dans l’histoire de l’humanité.

culpabilité

Plus on avance dans la lecture de l’ancien Testament, plus la notion de péché est présente. C’est dans le Deutéronome, écrit par Moïse, qu’elle transparaît pratiquement à chaque page, avec tous les interdits qui en découlent. Ce Chapitre de l’Ancien Testament est parsemé de mises en garde contre toute révolte ou désobéissance à Dieu, on doit se méfier de son courroux, de ses colères et de ses punitions**. Les raisons en sont que, à l’époque de Moïse, les hommes avaient besoin d’avoir peur de Dieu pour s’en tenir à des règles aussi simples que d’éviter de voler, de violer, de tuer, car ils en étaient à un stade peu évolué, proche de l’animal. En inculquant la crainte de Dieu à son peuple, Moïse a planté dans l’esprit de l’homme une nouvelle conscience, un germe de raison et d’humilité. Ses Tables de la Loi ont ainsi pénétré les esprits et, de générations en générations, ils ont appris à dompter leur instinct, à respecter leur prochain et à agir selon leur conscience. Toutefois, Moïse n’avait pas prévu qu’en les éduquant dans la crainte de Dieu, il faisait en fait le jeu des forces de l’ombre car les hommes allaient développer toutes sortes de peurs. Et comme la peur est la vibration opposée à celle de l’Amour, elle a fini par prendre beaucoup de place dans la psyché humaine.

Dans le Nouveau Testament, la notion de péché (« mal viser » en hébreu) et de honte prend une tout autre dimension puisque Jésus-Christ apporte celles du pardon et du Salut. Puisque Dieu est Amour, il est toujours prêt à pardonner, pourvu que le repentir soit sincère. Les hommes furent-ils pour autant libérés de la culpabilité ? Hélas, après la mort de Jésus sur la croix, elle revint avec plus de force : les chrétiens furent persuadés que c’était à cause de leurs péchés. Alors que, selon toute vraisemblance, la mission du Christ incarné sur Terre était de montrer à l’humanité la voie du Salut par la victoire de l’Amour sur la peur, par le triomphe de la Vie sur la mort.
Par la suite, cette notion de faute s’est répandue avec le confessionnal, isoloir clos dans lequel le prêtre recueillait tous les péchés des pratiquants. C’est Charles Borromée, prélat italien artisan de la Réforme catholique, qui promut son usage pour la première fois au XVIe siècle (c’est aussi lui qui imposa des grilles aux parloirs dans les couvents, intensifia la chasse aux sorcières, la lutte contre le protestantisme et la persécution des Juifs).
Comme si cela ne suffisait pas, certains ont cru bon d’y ajouter quelques prières de pénitence, telle le « Confiteor » d’où vient le fameux mea culpa (« c’est ma faute, ma très grande faute ») que le catholique récite en se frappant la poitrine, et qui date du Xe siècle (Pie V l’a rendue obligatoire au XVIe siècle et l’a incorporée à la Messe).
Mais les catholiques ne sont pas les seuls à culpabiliser à outrance. Dans les autres religions, certaines pratiques semblent beaucoup plus cruelles. Ainsi les chiites, qui se flagellent en public et prônent le martyre.

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Quant au pouvoir politique, il est clair qu’il a contribué à propager la notion de culpabilité parmi les citoyens : si vous n’avez pas envie d’aller voter, si vous avez déjà accepté de travailler « au noir » ou si vous ne déclarez pas tout ce que vous gagnez dans l’année, vous êtes considéré comme malhonnête et coupable de trahison envers l’Etat ! Alors qu’il vous protège comme un père, construit les routes sur lesquelles votre automobile polluante roule toute l’année, vous protège des accidents avec ses nombreux radars et vous permet de chanter fièrement « Aux armes citoyens » à chaque fin de match de foot: on a gagné, on a gagné ! Illusion totale…
De tous temps, les dirigeants politiques ont compris comment utiliser la peur pour manipuler et convaincre les hommes de leur insignifiance. Mais nous sommes loin maintenant du « métro, boulot, dodo » de naguère. Internet et les mobiles permettent aux individus de mieux s’informer, de se singulariser, de prendre du recul par rapport aux informations et aux lois. Progressivement, les mentalités évoluent, les consciences s’élèvent et l’homme de demain commence à émerger, à sortir de la foule des anonymes et des manipulés.
L’esprit Verseau pointe à l’horizon…

Face à ce changement de paradigme, l’homme nouveau peut se débarrasser de la honte et de la culpabilité de trois façons :
– la méditation : elle permet de s’élever dans les hautes sphères de l’esprit et de prendre du recul par rapport aux sentiments éprouvés. En accédant à la non-dualité, on relativise les notions de honte et de culpabilité. Personne n’est parfait et tout le monde a droit à l’erreur car elle fait partie des expériences à vivre sur cette terre.
– le travail sur Soi : il donne l’occasion de revenir sur des événements du passé et de prendre conscience des erreurs de parcours. Grâce au Pardon et à la Compassion, nous pouvons non seulement « réparer » mais nous libérer du poids du passé (et parfois, il est très lourd!)
– la rédemption des péchés grâce à la prière et au Salut de Jésus-Christ. Si vous vous sentez coupable et quasiment impardonnable, il n’y a que Lui ou Marie pour vous sauver. Son pouvoir de rédemption est immense, tout autant que son Amour. Bien entendu, il est nécessaire d’être sincère dans votre démarche et d’ouvrir votre coeur.

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Pour chacune de ces façons de parvenir à la libération, il faut tenir compte du facteur Temps. Ce n’est pas en trois jours que vous serez libéré de la honte et de la culpabilité, excepté si vous travaillez sur vous depuis de nombreuses années et que vous parvenez soudainement à l’Illumination!
Soyez intimement persuadé que le miracle c’est vous! Et quand bien même vous cédez parfois au doute et au découragement, gardez à l’esprit que votre âme est immortelle.
La Vie et la Divinité ne vous laisseront jamais tomber.

* La faute d’Adam et Eve
** L’astrologie et la Bible

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